Situé dans Beverly Park, dans le District d’Everett dans le métroplexe de Seattle, « Le Jazz Club » (en français dans le texte) est un petit club privé tout ce qui a de plus banal en vu de dehors. Au premier regard, on pense qu’il s’agit d’un club classique inspiré de ceux que l’on peut trouver dans certains quartiers de la Nouvelle Orléans. Mais une fois que l’on commence à fréquenter cet endroit, qu’on apprend à connaître sa clientèle et surtout ses gérants, on découvre alors une toute autre facette.
Imaginez, le soir, une rue calme, une enseigne discrète au néon, de couleur bleu et rose formant les mots « Le Jazz Club ». Vous vous approchez, et vous découvrez l’entrée, une double porte sombre aux reflets bleutés, comme le reste de la façade, et ornée de hublots, comme des portes de cabine de bateau. Vous entrez dans un vestibule aux murs lamés de bois sombre. L’éclairage est assuré par une lampe bleue, renforçant l’aspect impressionnant du « réceptionniste ». Martin, le videur troll, aime à s’appeler ainsi. C’est vrai qu’il a de l’allure, Martin, et il ne s’agit pas que de son gabarit, déjà bien supérieur à la normale avec ses trois mètres cinquante bien tassés... Ce n’est pas un troll de chez nous, un avec des cornes osseuses qui saillent n’importe où, et des calcifications un peu partout, non. Il vient d’Europe, la France, d’après l’accent qui ajoute au charme du lieu et le rend plus « authentique ».
Martin vous demande si vous souhaitez laisser quelques affaires au vestiaire. Un conseil, mettez à profit cette suggestion courtoise pour ne gardez que le strict minimum : un portique est habilement dissimulé dans le passage qui mène à la salle principale, qui indique à Martin à quel point vous le sous-estimez. Il laisse généralement passer les calibres discrets, mais pas les pistolets de gros calibre et au-delà. Dernier conseil : n’abusez pas de la patience d’un troll de trois mètres cinquante, même s’il semble avoir de bonnes manières et s’exprimer de façon charmante…
Une fois les présentations avec Martin terminées, vous passez donc une deuxième porte, elle aussi à deux battants et à hublot. Vous débouchez alors enfin sur la salle principale : un bar ovoïde trône au centre de la salle, dont les murs sont des alcôves où les gens souhaitant parler tranquillement s’installent. Une d’entre elles, un peu plus grande que les autres, abrite la scène, où des groupes de jazz jouent tous les soirs. Un de ces groupes, le Moreau’s Band, a un contrat avec le Jazz Club et joue régulièrement, le mardi soir.
Lorsque vous entrez, une charmante serveuse vient à votre rencontre et vous guide si vous le souhaitez vers une table libre, à moins que vous ne préféreriez le bar. Le barman, Mac, est un type tout ce qu’il y a de plus classe et courtois, qui sait aussi bien se faire discret ou au contraire raconter des histoires invraisemblables sur son « passé de mercenaire ». Un vrai piège à nanas un peu naïves. Côté boisson, les prix peuvent paraître exorbitants, mais rien n’est synthétique, et le soja n’a pas le droit de cité au Jazz Club. Tous les produits proposés, alcools, bières, cocktails, jus de fruit, nourritures, etc., tout est naturel et de qualité supérieure, souvent importé d’Europe, France probablement.
Vous vous installez et commencez à déguster un bon Bourbon, et tout en profitant de la musique, vous commencez à observer le panorama. La salle est un dodécaèdre dont huit faces abritent chacune une alcôve, et dont certaines bénéficient d’une arrière salle. Une face est la porte de service, et une autre est celle qui mène aux commodités, et enfin bien sûr il y a la face qui est celle par laquelle vous êtes rentré. La salle accueille une quinzaine de tables disposées tout autour du comptoir central. Celui-ci, comme le reste du club, est éclairé par une lumière bleutée, douce et tamisée, conférant au lieu une ambiance calme et raffinée. L’élégance dans la simplicité de la décoration fait inexorablement penser aux clubs des années 1930. La musique est presque toujours « live », jouée par un groupe sur la scène. Toute l’histoire du jazz est passée sur cette scène, et quelques excellents groupes ou solistes sont passés plus d’une fois au « Le Jazz Club ».
Tous les mardi soir, cependant, le même orchestre de jazz joue : le Moreau’s Band. Chaque fois qu’ils jouent, ils posent une ambiance particulière, surtout lorsque le saxo de Raymond Moreau, un black de la Nouvelle Orléans, et le leader du groupe, se met à résonner dans la salle. Il y a toujours une certaine mélancolie, une tristesse, qui sous-tend les solos de ce saxophoniste de talent, des solos qui sont cependant toujours empreints d’un sentiment de paix presque palpable.
La musique adoucit les mœurs, dit-on, mais « Le Jazz Club » ne s’appuie pas sur ce dicton pour assurer la quiétude des lieux. Car il faut savoir que « Le Jazz Club » n’a pas toujours été un simple club privé, lieu de rencontre pour bourgeois nostalgique et aisé. En 2055, le club a été racheté par deux inconnus, une certaine Rebecca Dane et un certain Vincent Kane. Quelques temps plus tard, une rumeur dans les Ombres courait selon laquelle « Le Jazz Club » était devenu un lieu de discussion et de transaction neutre, où corporatistes, membres de la Mafia, des Yakuzas, des Triades et autres Anneaux Séoulpa pouvaient se rencontrer en toute discrétion et sécurité, un lieu où toutes les parties en présence s’engageaient à respecter la neutralité des lieux. Les deux propriétaires passaient pour deux ex-shadowrunners. Difficile à vérifier, Rebecca Dane ne venant jamais en personne, et Vincent Kane, un ork à l’accent cajun très prononcé, venant au contraire très régulièrement au club sans être « reconnu » comme runner par qui que ce soit. La sécurité se devait donc d’être à la hauteur des ambitions du « Le Jazz Club » et de ses propriétaires, d’autant qu’avec les événements mouvementés de 57, et des rumeurs de connexions entre Rebecca Dane et les Yakuzas, la neutralité du lieu a été fortement mise en question. Et pour sauver le club, Rebecca Dane et Vincent Kane ont dû rompre toute relation avec le milieu corpo et mafieux, et trouver une nouvelle clientèle pour compenser le manque à gagner. C’est là que Moreau et son orchestre entrent en scène. Kane a dégoté ce groupe en Louisiane, paraît-il, et le style particulier du groupe semble particulièrement plaire à une clientèle magicienne. Les sensations astrales procurées par les morceaux de ce groupe sont paraît-il un must. On murmure qu’une maison de production pourrait bien les signer pour une tournée nationale… Mais aussi que Moreau serait lui-même un magicien… Musicalement, ça ne fait aucun doute, c’est tout ce dont on peut être sûr.
La sécurité, donc, est assurée d’abord par Martin à l’entrée, naturellement, et ce n’est pas rien. Il est aidé par au moins une caméra et un détecteur d’armes et de substances suspectes. Ensuite, à l’intérieur, d’autres caméras discrètes doivent être disséminées dans la salle. Les alcôves peuvent être insonorisées, et peuvent bénéficier de runes de garde sur commande. On murmure qu’un esprit protège le club, allez savoir…
C’est un géant (voir Metahuman Variants, p. 27 du supplément SRComp Revised) de 3m50 (eh oui !), à la peau noire, et adepte physique initié. Il a commencé son travail au Jazz Club pour rembourser une dette envers Pris (alias Rebecca Dane), mais par la suite a trouvé plein d’avantages à sa situation, lui permettant de vaquer à des occupations personnelles tout en ayant une sécurité financière et des contacts permanents de toutes sortes : idéal pour les affaires.
A considérer comme un Professionnel et comme Supérieur, voire Surhumain en combat rapproché, même par rapport au PJ qui a un peu de bouteille.
Raymond Moreau
C’est un humain de 1m87 à la peau noire, assez fin de carrure. Raymond Moreau est originaire de la Nouvelle Orléans, et son accent de Louisiane est aisément reconnaissable. Ses tenues vestimentaires sont toujours irréprochables, et sûrement très coûteuses. C’est aussi un invocateur (magicien spécialisé) houngan, initié de grade assez élevé. Son saxophone est un focus d’esprit, généralement inactif en représentation. Le club est effectivement sous la protection d’un esprit loa Erzulie. Voir M6M, p102 pour plus de détails sur les loas.
La musique est sa passion, sa façon d’exprimer sa sensualité et de clamer son amour des loas, en particulier son Maite Tete, Erzulie.
A considérer comme Moyen au combat, et Professionnel en ce qui concerne la magie et comme Supérieur en magie (grade supérieur au plus gradé des PJs, grade minimum 2), mais Egal voire Inférieur dans tous les autres domaines.
Ses collègues sont de « simples » musiciens, à considérer comme Moyen et Inférieurs par rapport aux PJ, sauf en musique, bien sûr.
Mac
Le séducteur de service est un humain de 1m75, caucasien, assez bien bâti. Il est bien un mercenaire à la retraite, assez peu en contact avec les Ombres de Seattle, mais encore très proche du milieu mercenaire de la côte sud est des CAS. Il souffre d’une claudication de la jambe gauche, à l’origine de sa retraite anticipée. En effet, Mac a un système immunitaire qui s’est toujours refusé à accepter le moindre implant cybernétique.
C’est néanmoins un soldat d’élite, rompu aux techniques commando et au maniement de tout matériel de pointe et/ou militaire. Il a encore beaucoup d’oreilles qui traînent dans son ancien milieu.
Mais la plupart du temps, il se comporte comme un joli cœur davantage intéressé par le fait d’impressionner les jolies clientes et serveuses par des récits d’aventures aussi impressionnantes qu’inventées de toutes pièces… Il adore l’ambiance du club, et ne laissera personne la gâcher…
A considérer comme Entraîné et Egal voire Supérieur aux PJs.
Rebecca Dane
Rebecca Dane est une énigme. Depuis 55, elle ne s’est jamais montrée officiellement en personne au club. Par contre, elle y est passée de temps à autres en tant que cliente anonyme. Seuls Kane, Mac et Martin l’ont déjà rencontrée en connaissance de cause, et connaissent son passé de runneuse.
Ce passé n’est d’ailleurs pas tout à fait du passé car ce n’est que récemment qu’elle a rallié la Fondation Draco, là encore en tant que « consultante en sécurité », une appellation pudique pour runner sous contrat…
Rebecca Dane est originaire de France où elle a fait ses armes de runner, qu’elle a dû quitter après quelques soucis avec la Mafia locale. Seules ses relations avec les Yakuzas lui ont permis de partir pour Seattle et de s’y refaire un nom : Pris dans les Ombres, Rebecca Dane pour le monde légal.
Rebecca Dane est une très belle femme, mais son corps aux implants cyber et bioware tous discrets sont la marque de fabrique d’une tueuse froide et professionnelle qu’elle a été pendant des années, avant de sembler se repentir vers 2058, pour des raisons inconnues. C’est une experte en armes de toutes sortes, et une personne redoutable au contact.
A considérer comme Professionnelle et comme Supérieure aux PJs (en combat du moins).
Infos de dernière minute :
Rebecca Dane semble avoir disparu de la circulation depuis janvier 2060. Elle a démissionné de la Fondation Draco, et il faudra sûrement au moins faire une petite passe matricielle sur une de leurs serveurs privés pour découvrir ce qu’elle est devenue… Cependant, ses parts dans le club sont gérés par une petite société des Caraïbes, et on peut aisément penser que Pris veille encore sur « Le Jazz Club », d’où qu’elle soit.
Vincent Kane
Ex-shadowrunner lui aussi, cet ork est cependant réellement à la retraite, lui. Disons que ce samouraï des rues s’est reconverti dans les « relations publiques », arrangeur, en clair. Il faut dire qu’il connaît un paquet de monde dans les Ombres, et sait reconnaître un bon runner quand il en voit un, ce qui fait que les Johnson sont prêts à payer beaucoup pour qu’il leur trouve les runners dont ils ont besoin. Il n’habite pas à Seattle, mais à New York. Mais les affaires et le club, dont il s’occupe de bien plus près que son associée, l’amènent souvent à séjourner dans le plexe.
Kane est un adepte suivant la Voie de l’Athlète, c’est un acrobate émérite. A considérer comme un Professionnel et comme Supérieur par rapport aux PJs.
Il y a un 5 serveurs (4 femmes et un homme). A considérer comme Moyens et incompétents en combat, mais de Inférieurs à Egaux dans les compétences sociales.
Le portique (Dissimulation 8) est un détecteur MAD d’Indice 7, et Martin dispose en cas de besoin d’un modèle portable d’indice 4.
Martin dispose d’un terminal PANICBUTTON, ainsi que le bar. Il y en a un autre dans les bureaux de service, où un employé, servant de videur « suppléant » en plus de magasinier, est en général de garde (à considérer comme Moyen et Inférieur par rapport aux PJs).
Quatre caméras sont disposées dans la salle, plus une dans le vestibule.
Les alcôves bénéficient d’isolation sonore anti-écoute (générateur de bruit de fond indice 6), et de parois de verre polarisables.
Sur demande, des runes de garde peuvent être également mises en place sur les alcôves, ainsi que la mise à disposition d’esprits veilleurs. En certaines occasions, des veilleurs sont de toute façon en patrouille dans « Le Jazz Club ». Enfin, il y a un loa d’Erzulie systématiquement quand Moreau est présent, de Puissance 5.
Armement :
Mac dispose d’un fusil à filet et d’un shotgun (chargé en balles gel, mais des cartouches pour shotgun sont disponibles).
Martin porte une armure moulante discrète sous son costume, et dispose d’un taser, d’une matraque et d’un shotgun à canon scié (chargé en balles gel, mais des cartouches pour shotgun sont disponibles).
Le Jazz Club n’est pas, n’a jamais été, et ne sera jamais un repère de runners. Son standing et le quartier dans lequel il est situé sont trop élevés pour cela. Seuls des professionnels du même standing, avec la tenue et le comportement adéquat, et éventuellement une relation appropriée, peuvent être clients de ce club.
Il est donc probable que la plupart du temps où ce Club interviendra dans vos campagnes, ce sera soit quand un PJ s’y rendra pour discuter avec un contact client de ce Club, comme un magicien, un cadre corpo, un élu municipal, etc., ou tout contact d’un certain standing.
Il se peut aussi qu’un PJ ou PNJ soit client tout simplement. Dans le cas du PJ, il s’agirait d’un moment de roleplay introductif à une run (la scène où le contact t’appelle sur ton cellulaire pour t’annoncer un nouveau job) ou entre deux runs. Dans le cas du PNJ, il peut s’agir d’une cible dont les PJs espionnent les habitudes en vue d’un kidnapping, d’un assassinat ou simplement pour les besoins d’une enquête.
Enfin, en tant que client, un PJ peut finir par tisser des relations avec les différents employés du club, et gagner ainsi de précieux contacts.